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Depuis le grand livre de l’anthropologue australien A. P. Elkin, » Aboriginal Men of High Degree » (1945), il n’existait pas d’étude sur les nyangkaris, ces flamboyants guérisseurs aborigènes.
Pendant seize mois, Frédéric Viesner a vécu dans l’intimité des hommes-médecine du désert central de l’Australie, en territoire Ptijantjajara et Yankunitjatjara.
A l’heure où nos chercheurs en immunologie manifestent un intérêt inédit pour des pratiques millénaires, trop longtemps et improprement assimilées à de la magie, le jeune anthropologue français porte un regard rigoureux et empathique sur cette » médecine de l’âme » : ses rituels d’initiation, le traitement des afflictions, l’approche de la mort…
Qui, de nos médecins aujourd’hui, nierait l’universalité et la modernité de cette définition selon les nyangkaris aborigènes : » la santé physique n’est que l’expression visible d’un état de l’âme. Disposer d’une bonne constitution et d’un état physique sain et non altéré ne suffit pas pour s’estimer en bonne santé.
On dénomme cet état wangkaru, autrement dit à la fois vivant, ayant le souffle aisé et pouvant communiquer. «
Extrait :
La règle pour survivre dans un environnement hostile, comme celui du désert central australien, est de se plier aux exigences de la vie. Les cycles doivent se reproduire imperturbablement.
Chacun, ayant une place clairement définie, doit rester impassible face aux fléaux qui menacent. Les tjukuritja, les grands démiurges, héros du Temps du Rêve, rassemblaient en eux les germes de toutes choses. Au cours de leurs inlassables pérégrinations sur le sol qu’ils façonnèrent pour modeler l’Australie, ils ont semé en chaque lieu, sous forme de pierres, d’arbres ou de créatures, les ferments de l’existence foisonnante du monde, des êtres et des principes mêmes du curieux amalgame qu’est le cosmos aborigène.
Ainsi, les êtres humains sont l’expression des principes mâle et femelle. De leur coopération et union dépend la reproduction de toute chose. Cette tâche, lourde de responsabilités, s’organise autour des activités rituelles, et tout spécialement par la voie des cérémonies au cours desquelles les aborigènes se réunissent pour former des groupes de chanteurs et de danseurs.
(…) Le rituel réactualise donc le moment où le héros civilisateur a fait pénétrer des kuranitja dans le sol et en même temps a permis à ce lieu de générer des «esprits-enfants» d’entités spécifiques, animal, plante ou phénomène atmosphérique (la pluie en particulier).
La Médecine des Aborigènes d’Australie, Soin des corps et rétablissement des âmes, par Frédéric Viesner, novembre 2006, n° ISBN 2-911939-56-5.